
2023 sera l’année de la mise en place du tri à la source des biodéchets par les collectivités, afin de se mettre en conformité avec la loi. Pour cela, elles pourront s’appuyer sur cette étude clé qui explique le coût des différents modes de collecte et de traitement de ces déchets, que vient de sortir le comité de filière du secteur.
Les collectivités sont au pied du mur. La loi Agec leur impose de mettre en place « un tri à la source des biodéchets des ménages » avant le 31 décembre 2023 (1). Mais seules 101 collectivités, représentant 4,2 millions d’habitants (6,2% de la population française) se sont déjà lancées. Conscient de cet inquiétant retard à l’allumage, le gouvernement a même accordé une enveloppe de 90 millions d’euros dans la loi de finances 2023 pour les y inciter, alors qu’il avait déjà proposé des aides à des études de préfiguration de ce tri à la source dans le cadre du plan France relance.
Pour rappel, ces biodéchets correspondent aux déchets alimentaires et aux déchets verts des ménages. Quand ils sont collectés avec les ordures ménagères, ils représentent 40% environ des déchets ménagers, soit 100kg/habitant/an sur un total de 248 kg/hab/an.
Des coûts qui varient fortement d’un territoire à l’autre
Pour les aider dans cette démarche, une étude intéressante vient de sortir. Elle a été réalisée dans le cadre du Comité stratégique de filière transformation et valorisation des déchets (CSF TVD), par la Confédération des métiers de l’environnement (CME) (2), avec le soutien de l’Ademe. Elle chiffre l’impact économique de la mise en place de la collecte sélective des biodéchets, en détaillant les différences de coûts suivant le territoire (urbain ou rural) et suivant les choix de collecte et de traitement. Enfin elle évoque les freins et les leviers de la gestion de ces déchets organiques.
Le coût de la collecte et du traitement des biodéchets varie fortement en fonction des particularités du territoire, de l’habitat (individuel, collectif) et de la sociologie. C’est pour cette raison que le cabinet Sage Industry, en charge de cette étude, à identifié 8 scenarios de collecte : cinq en milieu rural, 3 en milieu urbain. Résultats : les scénarios en milieu rural présentent un surcoût global pour l’ensemble des flux de la collectivité de 7 à 22 € par habitant et par an. En milieu urbain, le surcoût varie de 9 à 13 €/habitant et par an.
Le tri à la source des biodéchets optimise l’ensemble du tri
Ces estimations incluent les coûts de collecte et de traitement des biodéchets, mais aussi l’optimisation de la collecte sur les autres flux de déchets. De fait, trier à la source les biodéchets va réduire les volumes et donc les coûts de traitement des ordures ménagères résiduelles (OMR, c’est à dire la poubelle verte), mais cela a aussi pour effet d’améliorer le geste de tri sur les autres déchets, comme les emballages et les papiers (+18%). Il y a donc à la clé une économie potentielle de 10€/habitant/an (incluse dans les chiffres du paragraphe ci-dessus) sur les autres flux de déchets.
Mettre en place une gestion des biodéchets offre aussi l’occasion de remettre à plat l’organisation de tout le service des déchets, en réduisant la fréquence de collecte des OMR (sans déchets fermentescibles, elles ne sentent désormais plus mauvais), en ajustant celles des biodéchets en fonction des saisons (pour éviter les mauvaises odeurs quand il fait chaud) ou celle des emballages (dont les volumes augmentent) … voire de se poser la question de mettre aussi en place la tarification incitative, pour donner un signal prix au geste de tri, et inciter à réduire au maximum le volume d’OMR.
Traitement : trouver la solution adaptée à son contexte
Les options de collecte sont nombreuses : utilisation des points d’apports volontaires, collecte en porte à porte, mises en place de seau de compostage avec gestion de proximité (composteurs en pied d’immeubles, …), etc. L’étude préconise de « tenir compte des pratiques locales des habitants pour la collecte des biodéchets, afin de ne pas la superposer inutilement aux actions de proximité déjà engagées par certains habitants ».
Concernant les traitements, les solutions sont également très variées : cocompostage avec des déchets verts, traitement dans un méthaniseur agricole ou appartenant à la collectivité (ex. : biodigesteur de la station d’épuration). Le CSF TVD recommande « de s’appuyer sur les installations de traitement déjà existantes sur le territoire, en mutualisant par exemple le traitement avec d’autres flux (déchets verts ou déchets agricoles) ».
L’étude permet aussi de comprendre que « les coûts de traitement ont un faible impact sur le coût global de gestion des biodéchets, soit 10 à 20%. Le coût de la collecte représente 60 à 75%. Les autres coûts concernent la prévention, la communication et la pré-collecte », est-il expliqué dans l’étude.
Pour le moment plus on a obligé les gens a trier plus le prix des ordures a augmenté!!!
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