Mobilisés pour le respect de notre environnement et l’amélioration de notre bien être
Patrick Polverelli
Deux visions de Mennecy s’opposent et il vous faudra faire un choix. Monsieur le Maire, dans sa lettre du 21 décembre 2023, a exprimé sa volonté de développer Mennecy encore et toujours plus au travers de deux dossiers qu’il juge essentiel pour la commune : la Desserte Val d’Essonne et le développement de la zone d’activités de Montvrain.
Il nous semble donc important de vous écrire pour vous informer de notre engagement pour Mennecy, son environnement et la sauvegarde de notre bien être.
La Desserte Val d’Essonne
« Ce projet, attendu depuis plus de 50 ans sur notre territoire, vise au désengorgement routier de Fontenay-Le-Vicomte, Mennecy, Ormoy et Le Coudray-Montceaux en permettant un accès à l’A6 sans avoir à traverser les tissus urbains denses de nos communes. »(1)
Plus de routes ne signifie pas moins d’embouteillages. Ces prévisions trompeuses sont toujours mises en avant par les promoteurs de projets routiers. L’Autorité environnementale dénonce des statistiques surévaluées. « Les études de trafic sont très importantes, car elles alimentent la justification du projet et conditionnent le calcul de nombreux impacts comme le bruit, la pollution atmosphérique ou les émissions de gaz à effet de serre. Or, leurs résultats sont présentés de manière trop succincte et les études elles-mêmes ne prennent presque jamais en compte les trafics induits par la création ou la transformation de l’infrastructure, ni les reports modaux possibles. » (2)
Ainsi, quand monsieur le maire affirme dans son courrier aux menneçois que « c’est le seul projet de mobilité structurant réalisable dans les 20 prochaines années… », il décide unilatéralement qu’il n’existe pas d’autres solutions sans avoir fait d’études préalables et il pense que le tout voiture est le seul modèle de développement possible…
Nous ne nions pas qu’il existe un problème de circulation à Mennecy mais des études montrent « que le trafic est propre à la ville et que le contournement ne va apporter qu’une réponse très parcellaire à ce problème. C’est le paradoxe de Braess [3] : quand il y a un embouteillage, le meilleur moyen de le supprimer n’est pas forcément d’ajouter une voie. Il vaut mieux au contraire en supprimer. C’est le projet départemental avec la D191 qui est passée, à l’entrée de Mennecy, en deux fois une voie au niveau de l’aquastade.
Construire plus de routes occasionnerait donc plus de bouchons. Cette affirmation, a priori contre-intuitive, a pourtant été démontrée par de nombreuses études scientifiques. On parle alors de « trafic induit » par les automobilistes profitant de l’effet d’aubaine lors de l’ouverture d’une nouvelle infrastructure pour se déplacer plus souvent et plus loin, voire, à plus long terme, pour localiser leur emploi ou leur logement à une distance plus importante. (5) Ainsi des habitants de Ballancourt qui passaient par Vert Le Petit ou des habitants de La Ferté Alais qui passaient par Itteville pourraient passer par Mennecy!
« Les deux premiers tronçons de ce trajet ont déjà été réalisés. » Les Haies Blanches (Le Coudray-Montceaux) et la plaine Saint-Jacques (Ormoy) sont catastrophiques, pas besoin d’études pour s’en apercevoir… La population d’Ormoy va doubler et la circulation aussi. Les terres agricoles des Haies Blanches sont envahies d’entrepôts plus gros les uns que les autres avec des centaines de quais pour des camions qui vont progressivement venir encombrer davantage les entrées et sorties de l’A6. L’entreprise GLS, leader européen du transport de colis, ouvrira en septembre 2024 un nouveau centre de tri de colis au Coudray-Montceaux, aux haies blanches. 350 000 colis sont attendus par jour sur 114 quais! (4)
Le maire de Mennecy nous annonce un projet de l’entreprise d’Etat Chronopost pour ce troisième tronçon de la Desserte sur Mennecy ! Projet refusé par les habitants de Combs-La-Ville car trop impactant… 1000 emplois, 1000 voitures, 1000 camions par jour !? Et toujours pour réduire l’engorgement routier ? Tout cela, bien sûr, sur des bonnes terres agricoles où l’on aime se promener avec son chien, à vélo ou à cheval…
1000 emplois, c’est l’argument phare de notre maire, « c’est proposer des emplois de proximité dans le cadre d’un développement économique affirmé. »(1). Bien sûr, ces emplois seront de proximité pour ceux qui les occuperont s’ils habitent Mennecy, Villabé, Corbeil-Essonnes, … On sait aussi que ces emplois peu qualifiés connaissent un important turnover du fait des conditions de travail sur ces plateformes logistiques. L’activité de ces entreprises va à l’encontre des commerces traditionnels et des centres villes. Ce type de développement économique n’est pas souhaitable.
Le deuxième grand argument de notre maire est que « L’Essonne est caractérisée par un faible ratio emploi/habitant ». Ce chiffre doit être mis en relation avec l’âge de la population. Une surreprésentation de retraités entraîne forcément un faible ratio emploi/habitant. Comme le taux de chômage sur le territoire de la CCVE est 3 points en dessous du taux de chômage de l’Essonne, cela ne tient pas.
« un enjeu majeur de sécurité »? (1)
Jouer sur la corde sensible de la sécurité de nos enfants qui se rendent au collège ou au lycée est largement contestable compte tenu du nombre de parents qui faute de propositions alternatives accompagnent leurs enfants en voiture pour partir ensuite directement au travail. C’est d’ailleurs une des raisons de l’encombrement de nos routes le matin, tout le monde part aux mêmes heures, voilà un dossier à travailler avec les établissements scolaires ! Si le maire est inquiet pour la sécurité de nos enfants, placer Chronopost à côté du nouveau gymnase intercommunal et du cinéma lui paraît il vraiment une idée judicieuse!?
« Cet enjeu est d’autant plus important que la population continuera à croître au sud de Mennecy du fait notamment de la loi SRU qui impose aux maires de construire… »(1) Depuis des années, le discours des maires bâtisseurs est toujours le même. Ils sont obligés de construire à cause de la loi SRU. Cette loi les oblige, pour les communes comprises dans l’unité urbaine de Paris, à construire des logements sociaux. Plus la commune grandit, plus elle doit avoir de logements sociaux. C’est mécanique. Beaucoup de maires font du zèle et construisent plus que nécessaire sur leur commune et doivent alors équiper leur commune de plus de logements sociaux, ils se disent alors obligés. Avant 2021, quelles étaient les communes de la CCVE dépendantes de l’article 55 de la loi SRU? Mennecy, Ormoy, Fontenay Le Vicomte. Depuis 2021, Ballancourt, La Ferté Alais et Itteville y sont soumises parce que la ville principale de la CCVE, Mennecy, a dépassé les 15 000 habitants! Quelles sont donc ces villes qui nous menacent au Sud de Mennecy susceptibles d’utiliser cette Desserte Val d’Essonne et soumises à la loi SRU? Celles victimes de la politique d’urbanisation de notre commune… même pas.
Combien coûtera l’étude d’opportunité que vient de lancer le département pour s’assurer de l’intérêt réel de cette déviation? Combien coûtera cette déviation qui devra passer par dessus l’aqueduc ? 20 millions ? Plus ? Qui financera ? Vos impôts !
Menaces sur la biodiversité
L’autre gros point noir des routes, ce sont leurs conséquences néfastes sur la biodiversité. Le réseau routier « gêne la circulation des espèces, morcelle leurs territoires et réduit les échanges entre écosystèmes. Les infrastructures font obstacle aux déplacements des animaux à la recherche de conditions favorables à leur reproduction ou à la survie des jeunes »(6) De plus, les mesures de compensation prévues dans les études d’impact demeurent bien souvent largement insuffisantes.
Si, à priori, on peut avoir le sentiment que sur nos terres agricoles ne subsistent que très peu d’espèces, il n’en est rien. Des études récentes (7) ont montré que sur le tracé de la Desserte Val d’Essonne des espèces protégées existent. Ainsi, par exemple, dans les mouillères, on trouve des crapauds Calamite, des Tritons Crêtés, des papillons Flambée, des papillons Grande Tortue, des étoiles d’eau, des Damasonium Alisma (protégée au niveau national!), le Pipit Farlouse, Le Bruant jaune, la Bergeronnette printanière, le Tarier pâtre… La défragmentation de cet espace naturel ainsi que les perturbations (bruits) et collisions pourraient faire disparaître un certain nombre d’espèces de cette zone. « Les mouillères agricoles en particulier sont l’habitat privilégié pour des espèces rares et protégées en Ile-de-France. Les inventaires effectués récemment font état d’une richesse exceptionnelle présentant des enjeux de protection régionaux de premier plan. Ces spécificités, ignorées dans tous les projets d’aménagement réalisés sur la ZAC des haies blanches ont données lieu à de nombreuses destructions. Aujourd’hui, les données naturalistes et la séquence ERC ne permet plus de tels agissement de la part des pouvoirs publics. Il est aujourd’hui important de revoir les projets d’urbanisation de la plaine. » (8)
Des sols artificialisés
Quelles que soient les mesures de compensation, une terre artificialisée est à jamais perdue. Ce bétonnage qui va à l’encontre de l’objectif de zéro artificialisation nette inscrit dans la loi Climat. Ce n’est pas illégal mais cette Desserte Val d’Essonne est en contradiction avec cet objectif et avec celui de la stratégie nationale bas carbone. Nous devons faire face au défi climatique, c’est notre devoir de préparer nos territoires pour les générations futures et ce projet, vieux de 50 ans est « has been » !
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Désastreuse pour les sols, la biodiversité, la qualité de l’air, inefficace dans la réduction des embouteillages, la Desserte Val d’Essonne est pourtant allègrement soutenue par notre maire. Dépenser sans compter pour dérouler des kilomètres de béton bitumineux n’est plus d’actualité, c’est une vision complètement dépassée, un développement irraisonné. Nous avons vu ce qu’ils ont fait sur la plaine Saint-Jacques à Ormoy et sur Les Haies Blanches, nous n’en voulons pas sur Mennecy.
Notre vision de Mennecy s’oppose à celle du maire, nous voulons sauvegarder Mennecy, son environnement et notre bien être ! C’est donc les vœux que nous vous adressons pour 2024, une année qui nous l’espérons sera sous le signe de la pensée raisonnée et modérée.
Bonne et heureuse année 2024!
Sources :
(1) Lettre du Maire de Mennecy du 21 décembre 2023:
(2) Extrait de la Note de l’Autorité environnementale sur les projets d’infrastructures de transport routières, publiée en 2019
(3) Le paradoxe de Braess énonce que l’ajout d’une nouvelle route dans un réseau routier peut réduire la performance globale lorsque les voitures choisissent leur route individuellement.
(4) journal « Actu Essonne » du 20 décembre 2023
(5) The conversation, l’expertise universitaire, l’exigence journalistique du 29 novembre 2021
(6) L’institut français de l’environnement, (Ifen)
(7) Atlas de la Biodiversité de Mennecy, bureau d’études FREDON:
(8) Document produit par l’ASEC, association menneçoise:
Une alternative pour Mennecy 
